Un petit feuilleton pour égayer les lundis...

La suite...
Le Chapitre 25.
On retrouve notre camarade Yboulados, qu'on découvre sous un nouveau jour. C'est nettement moins folklorique mais guère plus plaisant.
Et toujours, si vous avez des idées pour la suite de l'histoire, je suis preneur.
Si vous avez raté un chapitre, pas de panique : vous pourrez le retrouver dans les archives du blog (tout en bas, en cliquant sur "messages plus anciens", ou ici : le 1, le 2, le 3, les 4 et 5 , le 6, le 7 et le 8, le 9, le 10, le 11 et le 12, le 13, le 14 ...). Vous pouvez aussi trouver la liste sur le côté de la page.
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Bonne lecture...

lundi 4 avril 2011

Chien pitre 17

- Tu crois vraiment qu’on avait besoin d’embarquer un chien avec nous ?

- Il ne m’a pas demandé mon avis, tu sais : il est monté à toute vitesse quand j’ai ouvert la portière. Ça nous aurait fait perdre un temps précieux de le faire sortir.

Louise fut amusée par l’argument de Pascal. Il fallait bien reconnaître qu’il n’avait pas tout à fait tort, même si elle devinait un brin de mauvaise foi dans les propos de son compagnon.

La pendule digitale du tableau de bord indiquait trois heures et demie. Malgré cette heure avancée et aussi malgré le peu de repos qu’elle avait eu pendant cette nuit, Louise se sentait en pleine forme, juste un peu affamée. Et puis elle avait hâte de mettre le plus de distance possible entre eux et la bergerie de la secte.

- On va quand même essayer de trouver une station service, dit-elle, ou des panneaux, enfin quelque chose qui nous permette de savoir où nous sommes. Et puis cette fois, pas de blagues : on se cherche un truc à manger !

Mais à une heure pareille sur une départementale de moyenne montagne, les stations services ouvertes ne se bousculaient pas vraiment. Ils traversèrent un village dont le nom ne leur disait rien, continuèrent sur une route sinueuse au milieu d’une forêt qui semblait ne jamais vouloir finir, grimpèrent des côtes, redescendirent, le tout sans apercevoir la moindre indication sur la direction dans laquelle ils roulaient.

Une trentaine de kilomètres plus loin, ils arrivèrent enfin à un embranchement leur indiquant deux localités tout aussi inconnues à gauche, et une autoroute à droite. Ils choisirent ce dernier itinéraire à l’unanimité moins un chien : il avait choisi de s’endormir sous le siège. Par chance, les panneaux à l’entrée de l’autoroute indiquaient Grenoble. Ils prirent cette direction en estimant que cela devrait les rapprocher de leur destination.

Même si elle appréciait le confort du 4x4 qu’elle était en train de conduire, Louise ne se sentait pas à l’aise au volant de cet engin. Elle trouvait que ce genre de véhicule avait un côté blaireau prétentieux qui ne correspondait pas à son tempérament, et elle se serait sentie beaucoup plus à l’aise avec sa vieille Mini !

Une station d’autoroute leur permit de se restaurer, aux frais du temple de Zaarm : la monnaie que Pascal avait trouvée dans le blouson du gourou s’avéra suffisante pour deux gros sandwiches chacun, complétés par des chocolats chauds et un paquet de biscuits. Il restait encore quelques pièces pour une carte des environs, et même un paquet de quatre petites saucisses industrielles pour le chien. Pascal s’était débarrassé de sa robe de nonne avant d’entrer dans la boutique, tandis que Louise n’avait pas eu d’autre choix que de la garder sous son anorak. Sans la cornette, ça passait à peu près.

Arrivés à Saint Pierre de Chartreuse, ils abandonnèrent le 4x4 sur la place de la mairie et finirent d’arriver à pied. Ils ne croisèrent personne en arrivant à leur hôtel, un peu avant six heures. Pascal se doutait que les chiens n’étaient pas admis dans l’établissement, et il l’avait caché sous son épais blouson. Le toutou l’avait laissé faire, à peine contrarié d’avoir été tiré de son sommeil.

- Pfiouu ! Je suis cassée de chez cassée ! s’exclama Louise lorsqu’ils furent entrés dans leur chambre.

Et elle se jeta sur le grand lit en prenant tout juste le temps de retirer son blouson et ses chaussures ; Pascal l’imita immédiatement. Le chien, voyant que personne n’avait envie de jouer avec lui, se coucha près du radiateur et se rendormit.

Il n’était pas loin de midi lorsqu’elle fut réveillée par Pascal, qui lui expliqua en l’embrassant qu’il n’avait encore jamais soulevé les jupes d’une bonne sœur. Elle lui pardonna volontiers cette familiarité, sacrifiant volontiers au plaisir le peu de sommeil qui lui restait à récupérer.

Ils déjeunèrent vers trois heures de l’après midi, d’une portion de pizza, à la terrasse couverte d’un petit snack sur la place du village : c’était le seul endroit qui avait toléré la présence du chien.

- J’ai l’impression qu’on s’est embarqués dans un drôle de truc, avec celui là ! dit Louise en désignant l’animal. Ce n’était peut être pas la meilleure idée qu’on ait eue cette année…

- Lui, au moins, nous sommes à peu près certains que ce n’est pas un espion d’Yboulados. Si j’ai bien entendu ce qu’ils disaient hier soir, ils voulaient même le zigouiller… c’est le mot qu’ils ont employé, insista-t-il.

- D’accord, mais on ne peut quand même pas ramasser tous les chiens maltraités et les rousses en détresse ! Il faut peut être qu’on pense un peu à nous ! Mine de rien, on a quand même été enlevés hier soir, et je ne pense pas que les intentions de cette bande d’allumés étaient tout à fait amicales ! Et puis aussi, dit elle sur un ton plus câlin, j’ai envie d’être un peu seule avec toi ! D’ailleurs, je me disais qu’on pourrait peut-être profiter que les choses se calment un peu pour passer quelques jours ici tous les deux…

- Moi aussi, répondit Pascal. On peut bien rester deux ou trois jours ici, au moins jusqu’au retour du Professeur Campagnolo. De toute façon, nos recherches sont dans une impasse pour le moment : la bibliothèque du Vatican, ce n’est même pas la peine d’y penser. Mais c’est vrai, comme tu le fais remarquer, nous avons quand même été kidnappés, et il me semble qu’on ferait bien d’appeler le lieutenant Jamin. Après tout, nous sommes quand même dans un pays où ces choses là sont interdites, et il y a des lois pour protéger les gens… même s’il n’y a pas toujours les effectifs pour le faire efficacement.

Louise reconnut en souriant à moitié que c’était effectivement une priorité.

Pascal appela la policière, qui se montra vivement intéressée par les nouveaux déroulements de l’affaire.

- Votre témoignage pourrait être précieux, dit-elle, d’autant plus que votre ami Sylvain Delbarre n’a pas encore repris conscience. Quand nous avons découvert votre cambrioleur, l’autre soir, je me suis intéressée d’un peu plus près à Yboulados et à son Temple de Zaarm : ils sont en Haute Savoie, pas très loin d’Annecy. Ça fait un moment que plusieurs services s’intéressent à lui : la Miviludes, bien sûr, mais aussi le fisc et même les mœurs…

- La Miviludes ? Qu’est ce que c’est ?

- La Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires. Vous n’imaginez pas la quantité de dossiers dont ils ont à s’occuper : on dirait que depuis quelque temps, les sectes poussent un peu partout comme des champignons. Il y a tous les allumés New Age qui prétendent avoir reçu la lumière divine, mais aussi un nombre incroyable de charlatans qui profitent du désarroi de quelques uns avec des remèdes soi-disant miraculeux contre tout et n’importe-quoi, du développement personnel de pacotille ou des idéologies douteuses.

- Mais il doit bien exister des lois contre ces sectes…

- C’est bien là tout le problème : il n’existe, et fort heureusement d’ailleurs, aucune loi qui interdise de croire à ce qu’on veut ! Si vous trouvez des gens pour vous suivre quand vous racontez que le monde a été créé par un lapin vert avec des bottes en caoutchouc, personne ne pourra vous reprocher quoi que ce soit ! On ne pourra faire quelque chose que si on arrive à prouver que vous avez abusé de leur confiance pour leur soutirer de l’argent, pour les léser ou leur faire commettre des actes répréhensibles, et encore…

- Donc, tant qu’Yboulados se contente de jouer à la guerre des étoiles dans sa propriété avec des pistolets à eau, il est tout à fait dans les clous ?

- C’est à peu près ça. Mais le fait qu’il vous ait fait enlever et qu’il vous ait séquestré, ça change complètement la donne. C’est bien pour ça que je vous demande d’aller porter plainte à la gendarmerie le plus tôt possible : vous auriez même dû le faire la nuit dernière en sortant de là bas ! J’imagine qu’il n’y a pas de commissariat, là où vous êtes, mais je vous le répète : allez voir les gendarmes !

- Oui, je comprends. Nous allons le faire tout de suite.

- Ça me semble sage, en effet. Et, s’il vous plait, donnez-leur mes coordonnées et demandez-leur de me tenir au courant.

Trois heures et demie plus tard, Louise et Pascal sortaient de la gendarmerie de Saint Pierre de Chartreuse, où ils avaient porté plainte pour enlèvement de personnes.

Ils n’avaient pas trop insisté sur le rôle de Karine, qu’ils ne souhaitaient tout de même pas trop accabler, et Louise prétendit avoir laissé à Montpellier le médaillon qui était à l’origine de toute cette affaire. Le gendarme s’était un peu étonné qu’on ait fait autant de remue-ménage autour d’un bijou qui, aux dires de sa propriétaire, n’était probablement pas précieux : Louise avança que les membres de la secte l’avaient probablement pris pour autre chose, en rapport avec leurs propres croyances.

De retour à l’hôtel, ils signalèrent à la patronne qu’ils souhaitaient rester quelques jours de plus. Celle-ci leur confirma que ça ne posait aucun problème mais que, sans nouvelles de l’occupante de l’autre chambre, elle allait devoir leur facturer les deux nuits que celle-ci lui devait.

- Quand même, protesta Louise, c’est un peu fort ! Elle fiche le camp sans rien dire et c’est à nous de payer sa chambre !

- Comprenez-moi, argumenta la dame derrière le comptoir, vous êtes arrivés avec elle : vous vous arrangerez avec elle pour vous faire rembourser. Moi, je vous vois arriver tous les trois comme si vous vous connaissiez, alors s’il y en a une qui part sans payer, je n’ai que vous vers qui me tourner.

- Mais elle vous a bien laissé une adresse, quand elle a rempli le registre ?

- Oui, mais c’était la même que celle de Monsieur. Tenez : regardez... Danguin Karine …

- Nom d’un chien ! Quelle punaise, celle là ! s’exclama Pascal en découvrant sa propre adresse à côté du nom de la grande rousse.

Ils n’eurent pas d’autre choix que de payer, moyennant quoi ils eurent le droit de récupérer le sac que Karine avait laissé dans la chambre. Celui-ci appartenait d’ailleurs à Louise et ne contenait que des affaires qu’elle lui avait prêtées.

- Encore une fois, insista l’hôtelière, excusez-moi, mais je ne peux pas me permettre de laisser les gens partir…

- Pas de problème, la coupa Louise. C’est nous qui avons eu tort de lui faire confiance. C’est de notre faute, j’espère qu’on pourra s’arranger avec elle.

Même si j’en doute ! pensa-t-elle.

- Et le chien ? Il est à vous ?

Une tuile n’arrive jamais seule, pensa Louise. Ça y est : elle va nous dire que l’hôtel n’accepte pas les chiens…

- Heu… non, justement. C’est à elle. Enfin, elle l’a laissé…

- Il a l’air mignon, l’interrompit la patronne. Comment il s’appelle ?

- Milou ! intervint Pascal.

- C’est que normalement, il y a un supplément de dix euros pour les chiens, mais bon, j’ai l’impression que cette jeune fille vous a causé assez d’ennuis comme ça. Je ne vais rien vous compter en plus. Hein, Milou ? Tu es un bon chien ? Hein mon beau toutou ? Milou ? Milou ?

Le chien demeura impassible.

- Il n’a pas l’air de bien connaître son nom !

- Non, en effet, reconnut Louise.

Ils demandèrent s’il y aurait moyen de diner à l’hôtel le soir, mais la patronne leur répondit que le cuisinier avait profité du départ des nonnes, dans la matinée, pour prendre quelques jours de congé. L’hôtel ne servirait plus que les petits déjeuners jusqu’au surlendemain. Elle leur conseilla divers établissements, mais doutait qu’ils acceptassent les chiens.

- Et puis si ça ne vous dérange pas, j’aimerais mieux que vous ne le laissiez pas seul dans la chambre… on ne sait jamais.

Louise commençait à trouver pesante la présence de cette bestiole. Elle n’était même pas certaine que les adorateurs de Zaarm aient véritablement eu des intentions hostiles à son égard : après tout, Yboulados s’était contenté de lui balancer un vague coup de pied, rien à voir avec un sacrifice rituel…

Quand on pense qu’il y a des gens qui choisissent de se compliquer la vie pendant des années avec des chiens ! pensa-t-elle. La masse de contrainte que cela représentait l’avait toujours rebutée : sortir le chien, ramasser ses crottes, ne pas pouvoir aller dans certains hôtels ni certains restaurants, les visites chez le véto, les vaccins, les bagarres entre chiens au bout de la laisse…

- Il va falloir trouver quelqu’un qui veuille bien le prendre, dit-elle à Pascal. On ne va quand même pas le rapporter chez les allumés spatio-temporels…

- Tu ne crois pas qu’on pourrait le garder ?

- Je suis tout à fait certaine que non, répondit-elle simplement.

Pascal comprit que c’était sans appel.

- Bon, en attendant, on pourrait aller manger, proposa-t-il. J’ai bien envie d’essayer le restau dont elle nous a parlé : celui qui fait des crêpes au reblochon…

- D’accord, va pour les crêpes au reblochon, approuva louise.

Ils dénichèrent un bout de ficelle qu’ils passèrent dans la boucle du collier en guise de laisse et se mirent en route. La crêperie n’était pas bien loin, mais comme le craignait Louise, un panneau à l’entrée indiquait que les chiens n’étaient pas admis.

- Bon, ben on l’attache dehors, décréta Louise.

- Non, attends. J’ai une meilleure idée : on va le rendre invisible.

- Tu plaisantes ?

- Pas du tout. C’est tout simple : on va dans la ruelle, là bas, et on lui passe le médaillon autour du cou.

Louise se sentait un peu réticente : quelque chose lui disait que l’idée n’était pas si bonne qu’elle paraissait. Elle se laissa néanmoins convaincre et accepta de retirer son pendentif pour nouer le cordon autour du cou du chien. Celui-ci se laissait faire placidement, laissant finalement supposer que tout se passerait bien. Il n’avait pas l’air d’être du genre à tirer sur sa laisse, et ne pesait de toute façon guère plus de cinq ou six kilos. Ils arriveraient sans doute à passer inaperçus dans le restaurant.

Elle appuya sur le renflement au centre du médaillon et le chien disparut dans un tremblotement lumineux.

- Il y a juste un petit problème, dit Pascal : tu es devenue invisible aussi.

- Et si je le lâche ? demanda-t-elle en joignant le geste à la parole.

- Heu… oui, peut être. Ça a l’air de changer quelque chose : on dirait que tu réapparais, mais lentement, un peu comme une photo qu’on développe.

En un peu moins d’une demi-minute, Louise avait repris son apparence normale. Pascal saisit la ficelle invisible qui tenait lieu de laisse, et ils entrèrent dans la crêperie.

C’était une salle assez vaste, mais comme elle était décorée de lambris foncés, surchargée d’outils agricoles et de bouquets de fleurs séchées, elle paraissait beaucoup plus petite. Bien que ce soit un dimanche soir, il y avait beaucoup de monde puisque les vacances scolaires venaient juste de commencer dans cette zone. La serveuse leur désigna une table : une des dernières libres. Pascal supposa que le chien s’était couché au pied de sa chaise, à laquelle il attacha la laisse improvisée. Ne voyant pas le résultat, il fit confiance à ses talents de matelotage et estima que le nœud tiendrait.

- Je me disais que Mamie-Lu pourrait peut être le prendre, dit Louise.

- Quoi donc ? Ah ! Le chien… oui, peut être. Ou sinon, on pourrait demander à Thierry, mon associé : il habite dans un appartement, mais c’est au rez-de-chaussée et il a un jardin.

- Eventuellement… Sinon, j’avais aussi pensé à Monsieur Campagnolo. Il a dit qu’il me rappellerait à son retour. J’aimerais bien savoir s’il a réussi à déchiffrer les inscriptions du médaillon.

- Il doit rentrer quand, de Jordanie ?

- Après demain, je crois, ou alors demain soir, je ne sais plus exactement. Enfin il devrait être chez lui mardi. Oh, zut ! Regarde là bas, dit –elle en pâlissant soudainement.

Pascal jeta un coup d’œil derrière lui

- Quoi ?

- Le type en veste bleue, près de la fenêtre… on dirait Michard, ou l’autre, je ne sais plus

- Oui… peut-être, admit Pascal. Ça lui ressemble, en effet, mais je ne suis quand même pas tout à fait certain. Et puis qu’est ce qu’il ferait tout seul ? On l’a toujours vu travailler en duo avec Lagarde.

- Peut être que l’autre l’attend dehors ; peut être qu’ils sont plusieurs…

- Ils ne peuvent rien faire tant qu’on est ici, essaya-t-il de la rassurer. Je vais essayer de me rapprocher pour voir si c’est lui.

Sous prétexte d’aller demander une carafe d’eau, il traversa la salle pour aller jusqu’au comptoir. Il revint vers Louise en faisant un détour pour passer près de la table du personnage qu’elle avait remarqué. Le sourire qu’il affichait en s’asseyant la tranquillisa.

- Non, tout va bien : c’est un voyageur de commerce ou quelque chose comme ça. Il est en train de manger sa crêpe d’une main et de remplir ses bons de commande de l’autre. En plus, il n’a pas du tout la carrure de Michard… Je ne crois pas qu’on risque quoi que ce soit, surtout maintenant qu’on a parlé de tout ça aux gendarmes. Ils sont probablement allés perquisitionner là bas…

- Je te trouve bien optimiste ! N’oublie tout de même pas qu’ils ont agressé Sylvain, cambriolé ton appart, et qu’ils nous ont enlevés. C’est une bande d’allumés, mais ça reste tout de même une bande, et ils peuvent être dangereux.

- Je ne comprends pas trop ce qu’ils voulaient en nous kidnappant, dit Pascal. S’ils pensent que nous n’avons pas le médaillon, quel est l’intérêt pour eux ?

- C’est bien ce qui m’inquiète…

- Bon, en attendant, "Carpe diem !" : on est dans une crêperie et on en profite, dit-il en s’emparant du menu. Ce sera une galette tartiflette pour moi !

- C’est reblochon-lardons ?

- Oui, et crème fraiche… rien que du "basses-calories" ! plaisanta-t-il.

- Allez : même chose pour moi ! décida Louise.

La salle était bondée, mais tout le personnel travaillait si rapidement qu’ils n’eurent pas à attendre plus de cinq minutes pour voir arriver leurs crêpes, chacune présentée dans une grande assiette carrée et accompagnée d’une énorme salade.

Le voyageur de commerce que louise avait pris pour l’un de leurs ravisseurs se leva pour partir. Elle put constater qu’il était loin d’avoir la taille de l’homme de main d’Yboulados : c’était un petit personnage entre deux âges, un peu vouté et aux gestes retenus, comme quelqu’un d’extraordinairement timide.

Décidément, je suis trop nerveuse, pensa-t-elle. Il faut que j’arrive à admettre qu’ici, tout au moins, je ne risque rien !

La table à côté de la leur était occupée par une famille avec deux garçons, assez remuants, d’environ cinq et huit ans. Le plus petit semblait avoir quelques difficultés à couper sa crêpe, mais avait fermement fait savoir à ses parents qu’il tenait absolument à se débrouiller tout seul. Présumant un peu de son habileté, il projeta un morceau de jambon sur le sol à côté de la chaise de Pascal. Celui-ci et sa compagne regardèrent ensemble le fragment de viande qui avait atterri par terre.

- Il faut le ramasser avant que le chien ne le mange ! souffla Louise.

- Ça n’a pas l’air de l’affoler ! répondit Pascal en se baissant pour ramasser le bout de jambon. Excusez-moi, dit il poliment à ses voisins en leur tendant le morceau qu’il avait récupéré, je crois que votre fils a fait tomber ceci…

- Et alors ? rétorqua le père d’un air arrogant. C’est pas à nous ! Vous pouvez le garder si vous voulez !

- Et puis mêlez-vous de vos oignons ! glapit la mère. On élève nos enfants comme on veut !

- C’est forcément à vous, intervint Louise : vous voyez bien qu’il n’y a pas de tranches comme ça dans nos crêpes. Mais puisque vous n’êtes pas capables d’assumer les actes de vos enfants, pas de problème, nous le gardons.

Joignant le geste à la parole, elle flanqua le morceau dans le cendrier qui se trouvait sur la table entre Pascal et elle, et dont ils ne se serviraient pas, puisqu’ils ne fumaient ni l’un ni l’autre.

Avant de replonger son nez dans son assiette, la mère marmonna quelque chose que Louise ne comprit pas, mais cette dernière s’en fichait complètement. Elle se pencha vers Pascal :

- J’ai un doute. Tu es sûr qu’il est là ?

Pascal se pencha à nouveau, d’abord sur sa droite, où il avait attaché le chien, puis à gauche… des deux côtés, ses mains ne rencontrèrent que du vide.

Livide, il annonça à mi-voix :

- J’ai bien l’impression qu’il n’y est plus !


Ahahaha! à Suivre...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ahahahahahahaha !!!!! ^^