Un petit feuilleton pour égayer les lundis...

La suite...
Le Chapitre 25.
On retrouve notre camarade Yboulados, qu'on découvre sous un nouveau jour. C'est nettement moins folklorique mais guère plus plaisant.
Et toujours, si vous avez des idées pour la suite de l'histoire, je suis preneur.
Si vous avez raté un chapitre, pas de panique : vous pourrez le retrouver dans les archives du blog (tout en bas, en cliquant sur "messages plus anciens", ou ici : le 1, le 2, le 3, les 4 et 5 , le 6, le 7 et le 8, le 9, le 10, le 11 et le 12, le 13, le 14 ...). Vous pouvez aussi trouver la liste sur le côté de la page.
Je compte sur vos remarques et vos commentaires (constructifs) que vous ne manquerez pas de m'envoyer sur mon mail : jeanlouis.jabale@gmail.com ou sur la boite à messages de ce blog : il est configuré pour que tout un chacun puisse m'y déposer ce qu'il souhaite.
Bonne lecture...

lundi 11 avril 2011

Chapitre 18... et le 19 aussi !

Louise pâlit à son tour. La disparition du chien, passe encore, mais pour elle, ça voulait surtout dire que le médaillon avait pris le large aussi, et c’était bien plus préoccupant ! L’animal n’était peut être pas encore bien loin, pensait-elle pour tenter de se rassurer un peu, même si retrouver un roquet invisible dans un restaurant presque bondé risquait malgré tout de ne pas être une mince affaire.

- Je sentais que ce n’était pas une bonne idée, cette histoire de le rendre invisible. Si tu en as une meilleure que ça pour le retrouver, dis-la, et en vitesse !

- Il n’est sans doute pas sorti, répondit Pascal. Quand on a le choix entre le froid du dehors et un endroit chaud avec des odeurs de nourriture, on n’a même pas besoin d’être un chien pour se décider.

- C’est bien ça qui m’inquiète : quelqu’un va finir par se prendre les pieds dedans ou un truc aussi idiot que ça. Il n’a pas l’air particulièrement dégourdi, et il doit être du genre à vouloir piquer une sieste en plein milieu du passage !

- On pourrait essayer de l’attirer avec de la nourriture, proposa Pascal en prenant le morceau de jambon dans le cendrier.

Il le laissa pendre au bout de son bras, espérant ne pas trop attirer l’attention des autres personnes présentes dans la salle tout en excitant la gourmandise du chien.

- Hé, Kevin, t’as vu ? rigola le plus grand des deux garçons de la table voisine. Le bonhomme à côté, il essaie de pêcher le requin avec ton jambon !

- C’est des requins ou des piranhas ? demanda le père d’un ton railleur.

La remarque déclencha diverses moqueries de la part des parents, qui étaient à présent tout à fait certains d’avoir affaire à un farfelu. Gêné, Pascal ne savait plus quelle attitude adopter, et il se décida finalement pour un repli stratégique en direction des toilettes. Il pourrait au moins se débarrasser du débris de viande dans une poubelle et se laver les mains. Avec un peu de chance, peut-être aussi qu’il retrouverait le chien, mais il ne se faisait guère d’illusions.

Au lieu d’aller directement vers la porte battante des lavabos, il fit différents détours entre les tables, lançant précautionneusement ses pieds de droite et de gauche dans l’espoir de buter dans un obstacle invisible. Les gens attablés le regardaient passer avec un rien d’étonnement. Arrivé là, il inspecta tous les cabinets, passa les pieds le long des murs, espérant rencontrer quelque chose, mais toujours aucune trace du chien et du médaillon. Il retourna à leur table avec la même étrange démarche, sans plus de succès.

- On pourrait faire comme si l’un d’entre nous avait perdu un verre de contact, suggéra-t-il à Louise une fois qu’il se fut rassis.

Tous deux quittèrent la table et se mirent à inspecter le sol avec attention, palpant davantage qu’ils ne regardaient réellement : ils ne s’attendaient pas à trouver ce qu’ils cherchaient grâce au sens de la vue.

Quelques clients de la crêperie firent alors preuve d’une solidarité remarquable : on vit bientôt, en plus de Louise et Pascal, cinq ou six autres personnes qui se déplaçaient à quatre pattes sur le plancher en pin massif, scrutant les interstices entre les lames, se déplaçant avec mille précautions pour éviter d’écraser le précieux verre.

Au bout de quelques minutes, une dame trouva effectivement une lentille, arrivée là on ne sait quand, et la rapporta triomphalement à Louise. Celle-ci se vit dans l’obligation de déclarer les recherches terminées et de remercier chaleureusement sa bienfaitrice ainsi que tous ceux qui avaient aussi participé aux recherches. Chacun retourna à sa table avec le sentiment de la bonne action accomplie tandis que Louise se dirigeait vers les toilettes des dames où elle abandonna discrètement le verre de contact sur un coin de fenêtre, en hauteur.

A court d’idées pour l’instant, ils finirent leurs assiettes, désormais froides, payèrent l’addition et s’apprêtaient à franchir la porte du restaurant lorsqu’un homme derrière eux leur demanda :

- C’est votre chien, que vous cherchez ? Il est là bas, près de la cheminée.

- Près de la cheminée ! s’exclama Louise en regardant dans la direction que l’inconnu venait de leur indiquer. Vous l’avez vu ?

- Pas vraiment, non, dit-il en montrant sa canne blanche, mais je sais qu’il y est.

- Vous êtes sûr ? Il n’a pas bougé ?

- C’est curieux que vous me demandiez ça… En principe, vous avez une meilleure vue que moi, dit-il d’un air mi figue mi raisin.

- Oui, bien sûr… merci ! Merci mille fois ! s’écria Louise en se dirigeant vers la grande cheminée.

Le toutou somnolait paisiblement sous le tablier de la cheminée, contre les bûches qui étaient entreposées là. A tâtons, Pascal retrouva la ficelle qui tenait lieu de laisse et tous trois sortirent rapidement sur la place.

L’aveugle était encore près de la porte et il remarqua :

- Vous savez, en principe, ce restaurant est interdit aux chiens. C’est curieux qu’ils vous aient laissé entrer avec : d’habitude, ma fille et mon gendre sont assez stricts là-dessus. Ils devaient regarder ailleurs.

- Heu… oui, peut-être, dit Louise, mais je crois qu’ils le connaissent et ils savent qu’il est très tranquille.

- Oui, ça doit être ça, concéda l’homme. Un peu trop tranquille, même, pour que vous en arriviez à ne plus le retrouver…

- Il a un peu tendance à… se fondre dans le décor, expliqua Pascal.

Ils prirent rapidement congé et se dépêchèrent de sortir. Les pattes du chien invisible laissaient d’inexplicables traces dans la neige toute fraîche qui venait de se déposer sur le trottoir. Ils se dissimulèrent dans une ruelle pour faire réapparaître l’animal et récupérer le précieux médaillon. Louise remit ce dernier à sa place, sous son pull, se jurant bien de ne plus tenter d’expériences aussi hasardeuses.

A leur retour, la patronne de l’hôtel les attendait avec une petite boîte en plastique contenant des restes de son dîner.

- C’est pour Milou, expliqua-t-elle. Le pauvre petit, il n’a pas dû être à la fête, à rester dans la voiture sous la neige pendant que vous alliez au restaurant. Je vous ai préparé quelques bricoles pour le réconforter. C’est de la blanquette de veau avec un peu de riz. Mais surtout, promettez moi que vous ne les lui ferez pas manger sur la moquette, hein ? Dans la salle de bains, pas de problèmes, mais je ne voudrais pas qu’il me fasse de bêtises dans la chambre !

Emue par la gentillesse de l’hôtelière, Louise lui promit qu’elle veillerait à ce que tout reste propre et la remercia chaleureusement.

- Oh, ce n’est pas grand-chose, vous savez, répondit la grosse dame frisée. Il est tellement mignon ! Il me rappelle un peu un petit chien que nous avons eu, mon pauvre mari et moi, il y a quelques années. Il s’appelait Blacky : c’était un petit caniche. Mais bon, ajouta-t-elle d’un air mélancolique, la vie donne et la vie reprend…

- Vous n’avez pas eu d’autre chien depuis ? demanda Louise qui commençait à entrevoir une possibilité de trouver un nouveau foyer pour le chien.

- Non, je n’en avais jamais retrouvé un pareil que mon Blacky. Mais c’est rigolo : celui-ci à les mêmes yeux, le même regard.

- Je me demandais… enfin, comme nous vous l’avons dit, ce n’est pas notre chien, et nous habitons en appartement, à Montpellier. Je me demandais si ça vous ferait plaisir de le… enfin, de le garder avec vous ?

- Oh, Mademoiselle ! Vous parlez sérieusement ? C’est vrai ? Vous me le donneriez ?

- Oui, je vous l’ai dit : nous n’avons pas de jardin… je crois qu’il serait plus heureux ici, au grand air, surtout avec vous. Vous avez l’air de bien l’aimer, et j’ai l’impression qu’il vous a un peu adoptée. En tout cas, vous semblez bien vous entendre…

- Oh ! Ce serait vraiment bien ! répondit la dame, flattée. Mais, reprit-elle avec une ombre dans le regard, si la jeune fille revient ? Sa… maîtresse ?

- Je ne pense pas qu’elle revienne, si vous voulez mon avis. Et puis j’ai bien l’impression qu’elle l’a abandonné, dit Louise pour en rajouter une couche : je l’ai entendue dire que si on ne l’emmenait pas, elle le noierait.

- Oh ! Mon dieu ! Quel monstre ! Ah ben je comprends mieux pourquoi vous avez emmené ce pauvre petit chien. Elle n’a pas intérêt à se montrer par ici, celle là ! Vouloir noyer un aussi joli petit toutou ! Ah mon pauvre Milou ! Tu as eu bien de la chance de rencontrer Mademoiselle Robinson… heu, Louise, c’est ça ?

- Oui, c’est ça : Louise… Et Pascal, dit-elle en désignant son compagnon.

- Oh ! Pauvre petit chéri ! Y’a vraiment des gens qui n’ont pas de cœur. Oui, vous avez raison, Mademoiselle Louise : il sera bien, ici. Et puis c’est bien sûr que ça me ferait plaisir de le garder avec moi ! Et si l’autre arrive, j’aime autant vous dire qu’elle sera joliment reçue !

Le chien, désormais baptisé Milou, resta donc avec sa nouvelle maîtresse (et sa blanquette de veau) pendant que Louise et Pascal retrouvaient leur chambre.

- Tu penses que les gendarmes ont arrêté Yboulados ? demanda la jeune femme lorsqu’ils eurent refermé la porte.

- Je ne sais pas trop. J’espère que oui, mais en tout cas, on n’a eu aucun message sur nos portables. J’imagine que s’ils avaient besoin de nous pour des identifications ou quelque chose comme ça, ils nous auraient fait signe…

- Et cette histoire de Disque de Zaarm ? Tu crois que c’est sérieux ? Ça semble complètement bidon, leur truc !

- J’ai plutôt l’impression que le médaillon que nous détenons n’a rien à voir avec ce qu’ils cherchent. Yboulados a parlé d’un pouvoir tout à fait différent : une histoire d’immortalité. Il n’a jamais dit que ça rendait invisible.

- Tu penses bien qu’il n’allait pas nous le dire, pour que nous nous en servions…

- Lui non, mais quand les gardes sont descendus dans la cave et qu’ils ne nous ont pas vus, ils n’ont pas pensé un seul instant que nous avions pu devenir invisibles.

- Oui… c’est vrai, dit-elle, pensive. Mais ça peut vouloir dire deux choses : soit ils se sont tous complètement trompés de médaillon et n’ont aucune idée de ce que nous avons trouvé là, et nous guère plus d’ailleurs, soit Yboulados sait pour l’invisibilité, mais il leur a raconté des salades. De toute façon, dans les deux cas, il vaut mieux être prudents.

- Tu as raison : je propose qu’on reste dans cette chambre jusqu’à demain matin dix heures au minimum ! dit-il en l’entraînant vers le lit. Et même sous la couette : on y sera encore plus en sécurité…


Et puis vous avez même droit au 19 :

La neige était tombée pendant une bonne partie de la nuit, pour ne cesser que vers cinq heures du matin. Louise et Pascal, tout à leurs caresses, ne s’étaient pas souciés un seul instant du temps qu’il faisait au dehors, et ils eurent la bonne surprise de voir, à leur réveil, un splendide paysage recouvert d’un manteau immaculé et resplendissant sous le soleil.

- C’est magnifique, s’exclama Louise en regardant par la fenêtre : une belle nuit, un beau paysage au réveil, un bel homme près de moi, …et bientôt un bon petit déjeuner, ajouta-t-elle avec malice.

- Heu… pour le petit déjeuner, j’ai peur qu’à cette heure ci, ça ne soit un peu tard…

- Un peu tard ? Pourquoi ? Quelle heure est-il ?

- Onze heures moins le quart. Mais on n’aura qu’à appeler ça un brunch. Et puis on profitera de l’après midi pour découvrir un peu le coin : jusqu’ici, on ne peut pas dire qu’on ait vraiment fait du tourisme. La bibliothèque des Chartreux et une cave grillagée en Haute Savoie, ce n’est peut être pas ce qui fait accourir les foules !

- J’aimerais bien appeler la gendarmerie pour savoir où ils en sont avec l’autre gourou. Et puis aussi le Professeur Campagnolo, s’il est rentré.

- Tu es impatiente !

- Parfois, oui, répondit-elle en l’enlaçant.

Ils ne sortirent de la chambre que vers midi et demie.

- Bon, le brunch, ce sera pour une autre fois, dit Louise. Vue l’heure, je crois que maintenant, on peut parler d’un déjeuner en bonne et due forme !

Milou était à la réception de l’hôtel, dans les bras de sa nouvelle maîtresse. Celle-ci leur indiqua encore quelques endroits pour le déjeuner, ainsi que plusieurs balades agréables dans les environs.

- Mais, ajouta-t-elle, il a pas mal neigé, cette nuit. Vous avez d’autres chaussures que ça, j’espère ?

- Non, malheureusement, nous sommes partis un peu vite de Montpellier. Nous nous sommes décidés un peu sur un coup de tête et nous n’avons pas vraiment pris le temps d’emporter toutes les affaires qu’il aurait fallu.

- Ce n’est pas très grave : vous n’aurez qu’à aller voir mon cousin : il tient une petite boutique d’articles de sport à Saint Hugues et il pourra vous louer du matériel. Il aura sûrement des raquettes pour vous, et puis des chaussures convenables ; et il pourra peut-être même vous vendre une ou deux paires de grosses chaussettes. Vous lui direz que vous venez de ma part : il vous fera un prix. Ça s’appelle "La Marmotte", vous ne pourrez pas vous tromper : c’est à côté de l’église.

Ils trouvèrent sans difficulté le magasin, mais celui-ci était fermé jusqu’à treize heures trente. Un restaurant juste à côté leur permit de se restaurer et de meubler agréablement leur attente. La salle donnait sur le bas d’une pente en face, où différentes personnes, enfants comme adultes, s’amusaient à glisser sur la neige fraîchement tombée. Il y avait plusieurs luges, bien sûr, mais aussi quelques skieurs débutants qui se contentaient de cette petite déclivité pour faire leurs premières tentatives sur des planches.

- Ça me rappelle quand j’étais petite, dit Louise avec un peu de mélancolie dans la voix. L’hiver, on allait quelquefois passer la journée à l’Espérou pour s’amuser dans la neige. Il n’y avait pas encore les remonte-pentes et tous ces trucs là. Mes parents louaient deux luges : il y en avait une pour moi et ils se partageaient l’autre, à tour de rôle. Celui qui n’avait pas de luge me remontait la mienne…

- Ça fait combien de temps, maintenant, qu’ils ont eu cet accident ? demanda Pascal.

- Huit… non : neuf ans. Déjà ! J’avais quinze ans… c’était pendant les vacances de printemps. J’étais chez Mamie-Lu, à Saint Gouzy. Je me souviens comme ça a été dur de devoir partir de Montpellier, où je n’avais plus personne. J’ai fini ma seconde au lycée de Lassalle. Puis la première, la terminale… je dois reconnaître que c’était plutôt pas mal, comme bahut, mais je le détestais. Surtout à cause de tout ce que j’avais dû quitter, ajouta-t-elle en prenant la main de Pascal.

- Je n’ai pas connu les mêmes épreuves que toi, lui répondit-il, mais pour moi aussi, ça a été difficile de te voir partir.

- Vous avez choisi, m’sieur-dame ? claironna une serveuse surgie d’on ne sait où.

- Heu… non, excusez nous, pas encore.

- Y’a pas d’souci ! piailla-t-elle en s’éloignant.

Ils se plongèrent dans l’étude du menu. La serveuse avait dû décider de bouder, puisqu’il lui fallut un bon quart d’heure avant qu’elle ne se décide à revenir prendre leur commande.

Louise, pendant ce temps, avait appelé la gendarmerie. Le militaire qui lui répondit l’informa qu’une opération avait été déclenchée vers le domaine qui servait de pied-à-terre à la secte du Temple de Zaarm, mais que les lieux étaient déserts. Il n’avait été procédé à aucune interpellation, et, ajouta-t-il, il n’était pas exclu que ces individus disposent de plusieurs bases opérationnelles.

- C’est rassurant, dites donc ! Vous êtes en train de me dire que nos ravisseurs sont dans la nature et que vous n’avez pas la moindre idée de l’endroit où ils se trouvent ?

- Disons plutôt que nous avons plusieurs pistes possibles. Nous avons fait le nécessaire auprès des brigades concernées. Je pense qu’on ne devrait pas tarder à avoir du nouveau. Ce serait étonnant qu’ils soient encore dans les parages, si c’est ce qui vous inquiète.

- Pour être tout à fait franche, oui : c’est ce qui m’inquiète ! Nous avons eu de la chance une première fois en arrivant à déjouer leur surveillance, mais j’aimerais mieux éviter de prendre le risque une seconde fois !

Un deuxième coup de téléphone, au Commandant Jamin cette fois, leur permit d’apprendre que Sylvain avait repris connaissance. Il n’était cependant pas capable de donner de détails quant au signalement de son agresseur. Cela n’avait d’ailleurs pas une importance trop démesurée, dans la mesure où les enquêteurs avaient de sérieuses présomptions sur l’organisation qui était derrière cette agression. Elle leur répéta de ne pas trop s’inquiéter pour leurs ravisseurs : ils seraient probablement retrouvés sous peu. La conversation prit un tour plus détendu, et Louise fit part à la policière de leur intention de profiter de l’après midi pour faire une petite randonnée dans les environs. Celle-ci leur confirma que la vue depuis les sommets était magnifique.

Elle appela enfin le domicile du Professeur Campagnolo. Nadia lui répondit que le Professeur ne serait de retour que dans la soirée.

- Vous savez s’il a réussi à déchiffrer les inscriptions ? s’enquit Louise.

- Quelles inscriptions ? demanda la femme de ménage. Il ne m’a rien dit. Mais si vous voulez, je peux lui demander de vous rappeler, s’il ne rentre pas trop tard.

Louise laissa son numéro de portable, au cas où le Professeur ne l’aurait pas noté, puis prit congé de Nadia.

Leur déjeuner terminé, ils allèrent à la boutique voisine, dont l’enseigne était effectivement impossible à rater : des lettres de cinquante centimètres de hauteur étaient flanquées de marmottes aux couleurs voyantes. Ils furent accueillis par le cousin de l’hôtelière, laquelle avait déjà appelé pour lui annoncer leur venue. Il semblait avoir déjà préparé du matériel à leur louer, puisqu’ils n’eurent même pas à lui expliquer le but de leur visite.

- Vous n’imaginez pas comme vous lui avez fait plaisir en lui donnant ce petit chien, leur dit-il. Ça faisait tellement longtemps qu’elle rêvait de retrouver un compagnon qui lui rappelle son Blacky ! Elle m’a recommandé de vous faire les meilleurs prix et de vous traiter comme si vous étiez de la famille.

Il leur loua des chaussures, des bâtons, ainsi que deux paires de raquettes. Il leur affirma que c’était le modèle chartrousin traditionnel, celui dont l’avant et l’arrière sont symétriques, contrairement à ce qu’il appelait le modèle « canadien » et pour lequel il semblait n’éprouver que du dédain. L’achat d’une carte, de deux paires de grosses chaussettes et de gants vint compléter leur équipement.

- Bon, dit Louise en sortant de la boutique, nous avons l’après midi devant nous. Qu’est ce que tu dirais de la balade sur le Charmant Som à partir des Bergeries ? Il paraît qu’on voit le monastère de là haut.

- Oui, je crois qu’en effet, ça m’amuserait de voir la Grande Chartreuse sous un autre angle. J’avoue que j’ai trouvé ça un peu confiné, hier… enfin pas autant que la cave, quand même. Dis donc, ajouta-t-il : douze euros la paire de chaussettes, si c’est les prix pour la famille, il ne fait pas bon être son frère…

Le chasse-neige était déjà passé sur la petite route en lacets menant aux Bergeries, point de départ de la balade. La Mini, malgré son âge respectable, gravit la pente sans effort et Louise la rangea sur le parking bien déneigé où se trouvaient déjà les véhicules de quelques rares promeneurs.

Le parcours, sur une crête en pente douce, n’avait rien de difficile. Ils s’engagèrent main dans la main sur le sentier, où les raquettes laissaient de profondes marques ovales dans la neige : à cet endroit une bonne vingtaine de centimètres étaient tombés lors de la dernière chute. S’ils ne s’enfonçaient pas d’autant, il leur fallait néanmoins lever haut les pieds pour pouvoir progresser.

Ils se sentaient tout à fait détendus, goûtant pleinement ces instants de sérénité à deux, les rires et les plaisanteries alternant avec quelques boules de neige ou des pauses photo. Sous ce ciel complètement dégagé et d’un bleu limpide, le paysage, recouvert d’un manteau immaculé, était magnifique. Toutes les tensions qu’ils avaient accumulées au cours des derniers jours avaient maintenant totalement disparu, en grande partie grâce à la nuit dont ils avaient pu pleinement profiter à Saint Pierre. Ils s’arrêtaient fréquemment pour admirer le paysage, de plus en plus grandiose à mesure qu’ils montaient vers le sommet. La crête suivie par le sentier était en ligne assez droite, et Louise se retournait de temps à autre pour se rendre compte du chemin qu’ils avaient parcouru : moins qu’elle ne l’aurait cru, en réalité.

- On n’avance pas aussi vite qu’on croit, avec ces raquettes, dit-elle à Pascal. On a dû faire à peine plus d’un kilomètre depuis le départ, le parking paraît encore tout proche.

- Oui, répondit-il, et le sommet encore un peu loin…

- Bah : on a tout notre temps, et puis la vue en vaut la peine.

Ils se remirent en route sans hâte, davantage au rythme d’une promenade qu’à celui d’une randonnée. A mesure qu’ils avançaient, les villages en contrebas devenaient visibles : d’abord Saint Hugues, puis les premières maisons de Saint Pierre.

- Tiens, regarde, dit Pascal : on voit l’hôtel, là en bas. On ne devrait plus tarder à apercevoir la route qui va vers la Chartreuse.

- On aurait dû prendre des jumelles. Le temps est vraiment dégagé : qu’est-ce qu’on voit loin, aujourd’hui !

Pascal se retourna pour jeter un coup d’œil au parking, se demandant s’ils avaient beaucoup avancé depuis leur dernier arrêt. La Mini n’était plus visible, cachée par une camionnette blanche qui s’était garée juste à côté.

- Je ne vois plus la voiture : il y a quelque chose devant. On dirait un peu un fourgon comme celui dans lequel… Oh non ! Ce n’est pas possible !

- Quoi ? demanda Louise en cherchant à apercevoir ce qui avait arraché cette exclamation à son compagnon.

- Le Trafic, là bas, sur le parking ! C’est celui de Michard et Lagarde ! Tiens, justement : regarde ! C’est Lagarde qui en sort !

- Non ! C’est impossible : comment est-ce qu’ils auraient pu savoir que nous étions ici ?

- Aucune idée. Mais c’est bien eux : voilà Michard… et on dirait bien qu’il y a encore quelqu’un sur le siège… probablement Karine.

- Le trio gagnant ! Punaise, on ne s’en débarrassera jamais, de ces trois là !

- Peut être que si ! On sait où ils sont : ce serait le moment de passer un coup de fil au Commandant Jamin.

- Non… attends ! Pas elle !

- Et pourquoi ?

- Essaie de te rappeler. Combien de personnes savent que nous sommes ici ?

- Ben… il y a le loueur de matériel, peut être sa cousine à l’auberge, et… nom d’un chien ! Jamin !

- Hé oui : Jamin ! Je lui ai dit que nous avions l’intention d’aller marcher sur un sommet pour profiter du paysage… Pour quelqu’un qui connaît un peu le coin, ça ne devait pas être bien difficile de deviner où nous comptions aller.

- Tu crois qu’elle est de mèche avec eux ? C’est un peu gros, quand même : elle est flic.

- Tu es trop confiant… moi aussi d’ailleurs. Après tout, c’est moi qui lui ai donné notre programme de l’après midi.

- Alors il nous reste la gendarmerie de Saint Pierre. Il ne leur faudra guère plus d’une demi-heure pour arriver jusqu’ici.

Il sortit son téléphone et composa le numéro. Le réseau était faible, mais suffisant. Un gendarme répondit à la troisième sonnerie. Ce n’était pas celui auquel ils avaient eu affaire auparavant.

- Gendarmerie Nationale, j’écoute.

- Bonjour, c’est Pascal Fontanel. Je suis venu hier avec ma compagne, mademoiselle Robinson, pour un dépôt de plainte pour enlèvement.

- Oui ? Je vous écoute…

Le ton de la voix au bout du fil laissait supposer que leur interlocuteur n’était au courant de rien. Pascal continua néanmoins :

- Nos ravisseurs sont ici : sur le parking des Bergeries.

- Je ne suis pas certain de comprendre ce que vous voulez dire… ils vous retiennent toujours ? Comment ça se fait que vous puissiez téléphoner ?

- Non, ils ne nous retiennent plus, mais ils nous poursuivent… Est-ce que le responsable de la brigade est ici ?

- Non, il est en opération. Si vous souhaitez lui parler à lui, rappelez plutôt dans… trois quarts d’heure, une heure.

- Il y a quand même une certaine urgence : nous sommes venus hier pour porter plainte contre une secte qui s’appelle le Temple de Zaarm. Vous devez avoir une trace écrite quelque part ?

- Je ne sais pas… il faut que je regarde. Ne quittez pas.

- Non, attendez, c’est urgent…

Mais l’autre avait déjà posé le téléphone et n’écoutait plus rien. Pascal pouvait l’entendre tapoter sur un clavier, sans doute à la recherche du document relatif au dépôt de plainte de la veille, lorsque la communication s’interrompit.

- Et merde ! s’exclama Pascal.

- Quoi ? demanda Louise.

- Ça a coupé. Sans doute à cause du réseau qui est trop faible.

- Ben rappelle.

Il refit le numéro de la gendarmerie, mais n’obtint que la Petite Musique de Nuit, sur laquelle une voix langoureuse lui apprit que son correspondant était déjà en ligne et que tout était mis en œuvre pour que son attente soit aussi brève et aussi agréable que possible.

- J’ai l’impression qu’il a laissé le téléphone décroché.

- On dirait que nos deux lascars sont en train de monter nous rejoindre.

- Oui, je les vois : ils sont en train de suivre nos traces. Je ne sais pas s’ils nous ont vus, ou en tout cas reconnus, mais je crois que là, il y a vraiment urgence ! J’essaie encore une fois d’appeler la gendarmerie.

Mais il eut encore droit à quelques mesures de la Petite Musique de Nuit, avant de raccrocher avec humeur.

- Punaise ! Il y a des moments où je déteste Mozart ! dit-il en remettant son téléphone dans sa poche. Bon, je crois qu’il va falloir se servir du médaillon.

Ils quittèrent le sentier pour aller derrière un amas rocheux qui les cachait aux regards de leurs poursuivants. Louise prit la main de Pascal et appuya de l’autre sur la partie centrale du disque argenté. La lueur les enveloppa et ils disparurent. Ne connaissant pas bien les lieux, ils jugèrent qu’il valait mieux redescendre et rebroussèrent chemin.

- Il y a juste un petit problème, dit Louise : avec la neige, on voit nos traces en train de se former !

Effectivement, et se retournant, Pascal put constater que chacun de leurs pas laissait dans la neige un trou ovale, profond et bien visible. Impossible d’échapper à leurs poursuivants avec des empreintes aussi voyantes !

- Ils sont encore loin, je pense qu’ils ne peuvent rien voir d’ici. On va en profiter pour les balader un peu : on repasse dans nos anciennes traces, on va faire quelques petits tours derrière des rochers avant de revenir sur les mêmes traces… on leur fait le grand jeu, dans tous les sens.

- Et pour finir, on redescend, toujours dans nos traces… pas mal ! Le loueur de raquettes n’avait pas pensé à cet usage là, mais c’est vrai que nous n’aurions pas pu faire ça aussi facilement avec les autres, les canadiennes.

Malgré la gravité de la situation, ils se sentaient presque joyeux du tour qu’ils étaient en train de jouer à Michard et Lagarde. Chacun des nombreux rochers ponctuant le chemin était l’occasion d’un petit détour, après lequel ils retrouvaient le chemin principal en repassant sur leurs traces. A certains endroits, ils piétinèrent dans plusieurs directions, rendant leur piste encore plus confuse.

Les deux hommes se rapprochaient rapidement, et Louise avait réalisé que son ami et elle allaient se retrouver confrontés à un nouveau problème : même invisibles, ils seraient en mauvaise posture si leurs poursuivants venaient à buter dans l’un d’entre eux. Il faudrait donc assurer un endroit ou les traces seraient suffisamment embrouillées pour permettre un croisement sans collision. C’était l’utilité de la dernière surface qu’ils avaient consciencieusement piétinée.

- Bon, dit-elle à mi voix, on reste sur le côté et on les attend. Ils n’ont aucune raison de venir voir par ici, sur le côté du sentier. Dès qu’ils seront passés, on reprendra la descente.

Lagarde et Michard ne tardèrent pas à arriver à leur hauteur. Comme prévu, ils ne s’attardèrent pas sur les traces de piétinement et continuèrent directement vers le sommet. Tout avait fonctionné au mieux, Louise pressa deux fois la main de Pascal pour lui signifier qu’il était temps de reprendre la descente.

Ils se remirent en route, toujours dans leurs traces, cette fois plus par jeu que par nécessité. Il ne leur restait guère plus de six ou huit cent mètres avant d’arriver au parking et de retrouver la Mini.

C’est à cet instant précis que le gendarme stagiaire de Saint Pierre de Chartreuse, ayant enfin retrouvé, sur l’ordinateur de la brigade, le document qu’il cherchait, s’aperçut que son correspondant n’était plus en ligne. Il appuya sur la touche permettant de réactiver la dernière communication. Huit secondes plus tard, le téléphone de Pascal sonna.

Si ce dernier avait été visible, il serait devenu très pâle.

- T’as changé ta sonnerie ? demanda Michard en se retournant vers son acolyte.

- Ben non ! C’est pas le mien, qui sonne : ça doit être ton téléphone à toi.

- Raconte pas n’importe quoi : le mien, il est éteint. Et puis de toute façon, il ne sonne pas comme ça non plus.

- Alors c’est quelqu’un qui a paumé un téléphone : il n’y a personne d’autre que nous dans les parages. C’est probablement un des petits jeunots… et ils sont forcément plus haut, puisqu’on les a vus au dessus tout à l’heure, et qu’on ne les a pas croisés.

- Ah ! Quand même : j’avais bien l’impression que la sonnerie venait d’en bas ! insista Michard en scrutant se sentier en dessous d’eux.

- Bah, tu sais, en montagne, on n’est jamais sûr de savoir d’où viennent les bruits…

- Oh ! Ça y est : j’ai compris ! s’exclama-t-il e se frappant violemment le front.

- Quoi ? Qu’est-ce que tu as compris ?

- Ils ont planqué un téléphone par là, quelque part sous la neige… c’est pour ça qu’elle est toute tassée. Et maintenant, ils sont en train de le faire sonner pour nous retarder : ils espèrent qu’on va aller voir !

- Ah ouais ! J’ai pigé ! Et ils sont là-haut en train d’appeler le téléphone planqué pour le faire sonner.

- Ils se croient malins, les jeunots… Mais on est plus malins qu’eux ! On va foncer les retrouver là haut pendant qu’ils nous imaginent en train de redescendre.

Tous deux se remirent en route vers le sommet, d’un pas aussi rapide que leur permettaient leurs bottes, qui étaient loin d’être aussi commodes que des raquettes pour avancer sur une telle couche de neige.

Avec soulagement, Louise et Pascal les virent s’éloigner vers le haut du sentier. Ils reprirent leur descente, toujours en repassant dans leurs traces de la montée : on n’est jamais trop prudent. Ni l’un ni l’autre n’osait parler, de peur que leurs voix ne les trahissent. A aucun moment leurs poursuivants n’avaient évoqué une quelconque possibilité que Louise ou Pascal aient pu se rendre invisibles. Cela lui confirma que le médaillon qu’elle avait en sa possession n’avait rien à voir avec ce qu’Yboulados s’imaginait.

Arrivés sur le parking, ils purent constater que Karine était effectivement dans le fourgon, mais qu’elle semblait occupée à composer un message sur son téléphone portable. Louise chuchota :

- On va essayer de les immobiliser. Est-ce que tu aurais quelque chose pour crever les pneus de la camionnette ?

- Pas besoin de les crever. Trouve-moi des cailloux : les plus petits que tu pourras trouver. Il en faudra quatre : un par pneu, mais si on en a davantage, ça permettra de choisir les plus adaptés.

- Petits comment ?

- Comme les grosses têtes d’épingles, tu vois ce que je veux dire ? Celles en plastique de différentes couleurs. Un millimètre, à peu près, ou quelque chose comme ça…

- Je vois le genre. Ça marche !

Ils se mirent en quête des cailloux et eurent vite fait d’en avoir une demi douzaine chacun. Ceux-ci étaient visibles dans leurs mains, mais trop petits et trop près du sol pour que la rousse sur le siège du fourgon y fisse attention.

- Mais ça va suffire pour les empêcher de rouler ?demanda Louise en tendant les petits graviers à son compagnon.

- Garanti ! Tu vas voir.

Il s’approcha de la roue avant du gros véhicule et dévissa le bouchon de la valve du pneu, qu’il remit presque immédiatement en place, mais après avoir glissé un minuscule caillou entre celui-ci et la petite tige métallique qui bloquait la sortie de l’air. Il ne revissa pas complètement le bouchon et put s’assurer que le pneu se dégonflait lentement : on entendait un petit chuintement, très ténu, mais qui confirmait que l’air était bien en train de s’échapper. Il procéda de la même façon pour les trois autres pneus, regrettant de ne pas avoir accès à la roue de secours, à laquelle il aurait fait subir le même traitement.

Lorsqu’il en eut fini avec le dernier pneu, il retourna jeter un coup d’œil au premier : sans être encore complètement dégonflé, celui-ci était déjà nettement moins ferme qu’auparavant. Pascal estima qu’il faudrait une bonne dizaine de minutes pour que les quatre roues soient totalement à plat, sans que Karine, à l’intérieur, se soit aperçue d’un quelconque changement. Un coup d’œil vers le haut du sentier lui apprit que Michard et son complice étaient toujours en train de les chercher et n’avaient pas encore commencé à redescendre. Il n’y avait pas vraiment d’urgence à attendre que les pneus soient un peu plus dégonflés.

Lorsqu’ils jugèrent que suffisamment d’air était sorti, Louise et Pascal ouvrirent délicatement les portières de la Mini et se glissèrent à l’intérieur. Dans le fourgon, juste à côté, la rousse était toujours trop absorbée par ses messages pour se rendre compte de leur présence. C’est ce moment qu’ils choisirent pour réapparaître, puis pour claquer les portières et démarrer.

Le bruit qu’ils firent à ce moment eut pour effet que Karine leva la tête et les vit. Elle comprit, trop tard, qu’ils étaient en train de leur échapper. Elle se glissa en hâte sur le siège du conducteur, où elle tourna la clé de contact pour faire démarrer le fourgon. La Mini était déjà en train de quitter le parking lorsque le moteur du Trafic démarra.

Karine effectua une marche arrière pour quitter la place de stationnement. Elle trouva peut être que la direction était un peu floue, mais attribua cela à une plaque de verglas qu’elle n’aurait pas vue : comment pouvait-elle imaginer qu’on venait de lui dégonfler les quatre pneus ? Elle s’élança vers la sortie du parking, tachant de ne pas perdre de vue la voiture qu’elle prenait en chasse. La direction était décidément bizarre, mais la grande rousse s’élança néanmoins vers la route.

Elle réussit de justesse à négocier le premier virage, à maintenir une trajectoire à peu près correcte dans la ligne droite qui suivait, mais quitta la route dans la seconde courbe. Les deux roues du côté droit vinrent se bloquer dans un sillon assez profond et le véhicule vint doucement se coucher sur le flanc, contre le les buissons de myrtilles qui poussaient là.

Avant de quitter le fourgon par les portes de l’arrière, les seules qui soient praticables sans trop d’acrobaties, elle prit le temps d’envoyer un message :

"Ils nous ont encore échappé. Se dirigent vers St Pierre."

Louise conduisait sans trop se presser sur la départementale en lacets qui l’éloignait de leurs poursuivants. Son compagnon avait finalement réussi à joindre la gendarmerie de Saint Pierre où le chef de brigade, enfin de retour, avait pris son appel. Pascal donna au gendarme la description du véhicule de ses ravisseurs, leur signalement et ce qu’il savait de leurs identités.

Il obtint l’assurance d’une intervention immédiate. En effet, la Mini croisa une camionnette de gendarmerie à la sortie de Saint Hugues, où ils venaient de rendre leur matériel, chaussures et raquettes, au cousin de l’hôtelière.

- Qu’est ce qu’on fait ? demanda-t-il à Louise. On les suit ?

- Non, laissons-les faire leur boulot. Ils nous appelleront s’ils ont besoin de nos témoignages. Moi, j’ai surtout envie d’un peu de calme. On descend sur Voiron, on prend un chocolat chaud ou tout ce que tu voudras, et on attend d’avoir des nouvelles de la gendarmerie.

- Ça me semble être une bonne idée… le chocolat chaud, je veux dire.


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