Un petit feuilleton pour égayer les lundis...

La suite...
Le Chapitre 25.
On retrouve notre camarade Yboulados, qu'on découvre sous un nouveau jour. C'est nettement moins folklorique mais guère plus plaisant.
Et toujours, si vous avez des idées pour la suite de l'histoire, je suis preneur.
Si vous avez raté un chapitre, pas de panique : vous pourrez le retrouver dans les archives du blog (tout en bas, en cliquant sur "messages plus anciens", ou ici : le 1, le 2, le 3, les 4 et 5 , le 6, le 7 et le 8, le 9, le 10, le 11 et le 12, le 13, le 14 ...). Vous pouvez aussi trouver la liste sur le côté de la page.
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Bonne lecture...

lundi 21 février 2011

Chapitre 10

Louise jugea préférable de s’habiller complètement et de rejoindre Pascal.

Il était là, dans la pièce, mais une jeune femme rousse, d’ailleurs pas vilaine -Louise fut bien obligée de se l’avouer- était assise prés de lui et… il lui tenait la main : pas le genre d’attitude qu’on a habituellement avec les livreurs de pizzas.

Le dos légèrement courbé, elle semblait en détresse : ses yeux étaient humides et son maquillage semblait avoir coulé sur ses joues. Louise stoppa net ce qu'elle allait dire et regarda Pascal d'un air interrogateur.

- C'est Karine, expliqua-t-il en hâte, l'assistante de Sylvain. Elle aussi vient d'être agressée. Madame Jamin souhaiterait que tu l'héberges avec nous : elle n'a pas assez d'hommes pour faire surveiller deux appartements.

Louise sentit monter la fureur en elle :

- Punaise, mais c'est pas possible ça ! Cette fliquette commence à me gonfler sévèrement avec ses problèmes d'effectifs. Alors, elle ne peut pas assurer la protection de tout le monde et qu’est-ce qu’elle a trouvé de mieux à faire ? Entasser toutes les victimes chez moi ?

- Heu… je comprendrais très bien que tu n'accepte pas, excuse-moi d'être venue, dit la jeune femme en se levant pour partir. Je dois pouvoir me défendre toute seule, enfin…

Louise sentit que sa réaction avait peut être été excessive.

- Non ! Attends, je ne disais pas ça pour toi, excuse-moi, la rattrapa-t-elle. Bien sûr que tu peux rester. C'est juste que je trouve un peu léger la façon dont la police prend cette affaire. Et puis aussi qu'on va être un peu à l'étroit : je n'ai qu'un seul canapé, dit Louise qui cherchait une excuse à sa colère.

- Pas grave, répondit Pascal avec le sourire, je peux dormir par terre : je prendrai les coussins du canapé.

- Oh, on peut partager le clic-clac, ça ne me gêne pas du tout, dit Karine, en jetant à Pascal un regard de braise.

- Oui, ben moi un petit peu quand même ! répondit Louise agacée.

- Oups, excuse ! dit-elle. Je ne savais pas que vous étiez ensemble !

- Non, non, nous ne sommes pas ensemble, se défendit précipitamment Pascal.

L'estomac de Louise se contracta comme si elle avait reçu un coup de poing dans le ventre et grimaça un faux sourire. La simple façon que cette péronnelle avait de dire "oups, excuse !" l’irritait.

- Non, nous sommes juste amis, dit-elle dans un grincement peu convaincant. Je voulais simplement dire que…

Mais elle n'eut pas le temps de s'embrouiller plus dans des explications confuses que la sonnette retentit à nouveau.

- Ah ! Cette fois, ça doit être la pizza ! dit Louise soulagée de ne pas avoir à justifier son attitude devant Pascal. Après tout, la vérité était qu'ils n'étaient qu'amis. Elle s'était sûrement monté la tête toute seule à espérer mieux.

Elle alla ouvrir la porte, tendit un billet au livreur, un africain qui ne semblait pas dépressif du tout, et rapporta la pizza sur la table.

- Voilà. Tu as mangé, Karine ? demanda Louise.

- En fait, non, pas encore, répondit la rousse avec un sourire qui déplut à Louise, sans que cette dernière soit sûre de bien savoir pourquoi.

Ils s'installèrent autour de la table et partagèrent la pizza.

- Bon, alors raconte : qu’est ce qui t’est arrivé ? demanda Louise.

- Comme Pascal te l'a dit, j'étais l'assistante de Sylvain quand il a expertisé le pendentif. Je ne te raconte pas l'émotion que nous avons ressentie lorsque Sylvain s'est aperçu que ce métal était inconnu. Nous étions comme des fous dans le laboratoire. En fait, heureusement que nous étions seuls : on nous aurait pris pour des malades ! Puis la suite, vous la connaissez : Sylvain a voulu vous rencontrer, mais après que ses quatre pneus aient été crevés pour l’empêcher de partir, il s'est fait poignarder et tous les relevés de ses expériences ont disparu du labo.

- Quoi ! s'exclama Louise, tu veux dire qu’on lui a volé les résultats ?

- Ben oui… vous n'étiez pas au courant ? dit Karine qui paraissait étonnée.

- Non, répondit Pascal, tout aussi surpris. Et toi, alors ?

- En fait, je suis partie à midi chez des amis à Paris, et je ne suis rentrée que ce matin, où j'ai appris ce qui s'était passé. Et dans l’après-midi, une voiture m'a poussée dans le fossé, deux hommes en sont sortis. Ils m'ont fouillée entièrement, ils m'ont menacée d'un pistolet pour me faire avouer tout ce que je savais du pendentif et où il était. Je leur ai répondu que tout ce que je savais, c'était qu’il appartenait à Pascal.

- Quoi ! s'indigna Louise et tu ne t'es même pas souciée des risques que ça lui faisait prendre.

- Je sais… je suis désolée, j’avais trop peur : ils m'avaient menacée d'une arme, dit-elle en sanglotant. Excuse, Pascal…

- On dit "excuse-moi" ! l’interrompit Louise.

- Ca n’a pas d’importance, la rassura Pascal, de toute façon, ils le savaient déjà, puisqu'ils ont fouillé tout mon appartement. Finalement, tu ne leur as rien appris de plus.

- Oui… non, renifla la rousse, après j'ai couru porter plainte, et la commissaire ou l’inspectrice, je ne sais pas, m'a appris la suite : qu'elle soupçonnait ces hommes d'appartenir à une… heu, religion secrète : le Temple de Zaarm.

- Oui, elle nous a parlé du Temple de Zaarm, à nous aussi. Mais c'est quoi, exactement, ce truc là ? demanda Pascal.

- Je ne sais pas, dit Karine. J’ai cru comprendre que c’était un groupe de personnes qui étaient adeptes d’une vieille doctrine plus ou moins occulte...

- Ouais… une espèce de secte à la noix ! coupa Louise.

- Mais pourquoi est ce qu’ils s’intéresseraient à ce médaillon ? demanda Pascal.

- Oh, j’imagine que c’est toujours les mêmes salades, dit Louise : le gourou doit rêver que s’il récupère ce pendentif, il deviendra le maître du monde, ou quelque chose d’aussi débile.

- Et… vous l'avez toujours ce médaillon ? demanda Karine.

- Non ! s'empressa de répondre Louise.

Pascal lui jeta un regard étonné. Louise se sentit rougir, mais elle continua pourtant sur sa lancée :

- C'est le lieutenant Jamin qui l'a confisqué pour l'enquête. Il est désormais entre les mains de la justice ! dit-elle d’un ton un peu trop solennel.

Karine ne montra pas la moindre surprise.

- Ah oui, évidemment ! répondit-elle simplement.

- Bon, il est tard maintenant, nous devrions songer à nous coucher coupa Louise. Je dois avoir un lit de camp à la cave.

- Non, non, répondit la rousse, ne t'inquiète surtout pas pour nous : après tout tu es chez toi. C'est à nous de faire en sorte de ne pas te déranger. Je m'installerai dans le clic-clac avec Pascal, en bons copains, dit Karine. Enfin, si ça ne t'ennuie pas, Pascal, ajouta-t-elle.

- Heu… non, bien sûr, pas de problème, répondit Pascal, qui semblait tout de même un peu surpris.

Louise sentit à nouveau une vague de colère montait en elle. Mais celle-ci n'eut pas le temps d'éclater. Karine l'interpella :

- Excuse…-moi, Louise, est ce que ça t’embêterait de me prêter une chemise de nuit, s'il te plait ? En fait, d'habitude je dors toute nue, mais là, quand même…

Encore ce sourire hypocrite ! Louise aurait volontiers flanqué des baffes à cette petite garce ! Elle le ferait probablement si elle l’entendait encore une fois dire "en fait" !

- Je dois pouvoir te trouver quelque chose, dit Louise à contrecœur.

Elle passa dans sa chambre, ouvrit une commode et fouilla sous une pile. Ce qu’elle cherchait s’y trouvait effectivement, comme elle l’espérait.

Même si Pascal devait se laisser séduire cette nuit par l’autre punaise, elle était bien décidée à ne pas lui faciliter la tâche ! Elle sortit une espèce de barboteuse une pièce, avec des nounours roses, et des boutons-pressions sur tout le devant. Un véritable tue l'amour ! Un cadeau de copains de fac quelques années auparavant. Elle ne l’avait portée qu’une seule fois, le jour où elle l’avait reçu, mais ne s’était jamais décidée à s’en débarrasser. Contente de sa trouvaille, elle repassa dans le salon.

Karine était assise à côté de Pascal, les jambes croisées. Tous deux discutaient comme de vieux amis.

- Voilà, dit Louise en lui tendant l'habit de nuit qui sentait le renfermé.

- Merci ! Ce sera parfait ! répondit Karine qui ne semblait pas du tout contrariée en découvrant la barboteuse. Est-ce que je peux utiliser ta salle de bain ?

- Oui, au fond à droite. Tu ne peux pas te tromper : c'est marqué dessus, lui lança-t-elle, rageuse mais bien contente de pouvoir s'expliquer avec Pascal.

Karine disparut et Louise se jeta sur son ami.

- Mais qui c'est, cette pétasse ? Tu la connais depuis longtemps ?

- Mais… non ! se défendit Pascal. Je l'ai juste rencontrée une seule fois avant aujourd’hui, je ne savais même pas qu'elle bossait avec Sylvain ! Pourquoi lui as-tu menti au sujet du pendentif ?

- Je ne sais pas… je ne la sens pas, cette fille. Sa façon de s'incruster ici…

- Je crois surtout qu’elle est un peu paumée, complètement paniquée par l’agression qu’elle a vécue cet après midi… je te trouve dure avec elle, reprocha Pascal, et puis je suppose qu'elle s'attache à nous parce qu'on est tous les trois dans la même galère.

- À nous ? Tu ne vois pas qu’elle t’allume ? Ce n’est quand même pas à côté de moi qu'elle va dormir ce soir ! répliqua Louise furieuse.

- Tu aurais préféré que ça soit le cas ? demanda Pascal avec un sourire.

Louise mourait d'envie de lui dire que c'était avec lui qu'elle aurait voulu passer la nuit et qu'elle ne supportait pas de le savoir au lit avec une autre, mais elle n'en fit rien. Après tout, elle n'en avait pas le droit : Pascal était libre de faire ce qu'il voulait ; ils n'étaient qu'amis et il l’avait bien confirmé à l'arrivée de Karine. Ce n’était peut être pas par hasard.

Elle ramassa le carton vide de la pizza, le déchira rageusement et partit vers la cuisine.

- Oui, tu as raison, fais ce que tu veux, amuse-toi bien ! dit-elle.

Elle jeta les débris du carton, retraversa le salon sans un mot et partit se coucher.

La tête enfoncée dans son oreiller, elle pleura, fâchée contre elle-même, fâchée de ne pas avoir su s'y prendre avec Pascal. Elle somnola un moment, sans véritablement s'endormir.

Il ne se passa pas longtemps avant que Louise entende une voix qui l'appelait timidement :

- Louise… Louise…

Elle leva la tête : Pascal était accroupi à côté d’elle.

- Quoi ? Qu’est ce que tu veux ? demanda-t-elle ?

- Est-ce que je peux venir dormir avec toi ?

Louise mit un moment à réaliser ce qu'elle venait d'entendre.

- Avec moi ? demanda-t-elle. Mais… Karine ?

- Arrête avec ça : c’est pas mon genre. Et puis elle ronfle ! C’est pire qu’un 747 : tiens, écoute un peu ça ! répondit Pascal.

Louise tendit l'oreille. Effectivement, Karine faisait un bruit de tous les diables. Comme quoi, on ne peut pas tout avoir : une plastique irréprochable et des voies respiratoires qui fonctionnent à merveille !

- Allez viens ! répondit Louise en pouffant de rire et en lui faisant de la place.

Pascal se glissa sous les draps. Louise sentit sa douce chaleur, elle se blottit discrètement un peu plus prés de lui et s'endormit.

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