Sans rien laisser paraître du trouble dans lequel l’accueil équivoque de la policière l’avait plongée, Louise avait raconté au Commandant Jamin les dernières péripéties qu’elle et ses compagnons avaient connues. Comme la jeune femme s’y attendait, les forces de police françaises ne pouvaient pas faire grand-chose tant que Louise se trouvait en Italie.
- Vous avez porté plainte auprès des autorités italiennes ? demanda le Commandant Jamin.
- Bien sûr ! Nous sommes allés signaler l’agression dans un commissariat : nous en sortons à l’instant même. Ils ont bien pris note de ce que nous leur avons dit, mais ils nous ont fait comprendre qu’ils n’avaient pas l’intention de faire quoi que ce soit. Je crois qu’ils étaient plus intéressés par un match de foot…
- Je vois… Mais vous savez, c’est un peu pareil en France dans les commissariats où il n’y a que des hommes.
- Sans doute, oui, concéda Louise. Mais est-ce que vous avez du nouveau, du côté d’Yboulados et de la secte de Zaarm ?
- Non, rien de neuf depuis lundi dernier, à ma connaissance.
- Pas de nouvelles de Michard ? Il n’a pas été retrouvé ?
- Non… pas que je sache.
- Mais la jeune femme rousse qui était avec nos ravisseurs semble avoir été libérée, elle. Vous étiez au courant ?
- Mademoiselle Robinson, dit la policière d’un ton sec, je ne suis au courant que de ce qu’on veut bien me dire. Si la gendarmerie de Voiron a omis de me communiquer certains détails, vous comprendrez facilement que, n’ayant pas de boule de cristal, je ne suis pas en mesure de les deviner. Et d’ailleurs, à ce sujet, j’ai comme l’impression que vous aussi vous gardez certains détails pour vous. Enfin, quand je dis détails, ce sont peut-être des choses plus importantes que vous ne le pensez.
- Que nous gardons des détails pour nous ? demanda Louise, interloquée.
- Absolument ! Ne serait-ce que pour ce que vous venez tout juste de m’apprendre, à l’instant même : cette jeune femme rousse, qu’est ce qui vous fait dire qu’elle a été libérée ?
- Elle m’a envoyée un message ce matin sur mon portable. Elle me dit qu’elle se trouve à Rome, elle aussi et elle cherche à me voir.
- Eh bien ne lui répondez pas ! Rentrez en France dès que possible : tant que vous êtes à l’étranger, je ne suis pas en mesure d’assurer votre protection. Qu’est ce que vous êtes allée faire là bas, de toute façon ?
- Des recherches, répondit Louise le plus laconiquement possible. Dans la Bibliothèque Apostolique.
- Et c’est aussi pour des recherches que vous êtes allée en Isère, j’imagine. J’espère pour vous, Mademoiselle Robinson, que ça n’a rien à voir avec votre histoire de secte…
- Non… c’est pour mon travail, mentit-elle. Vous savez que je suis lectrice chez un éditeur… il est parfois nécessaire de faire des recherches documentaires.
- Et vous avez besoin de vous rendre sur place pour ça ? Je pensais que toutes les grandes bibliothèques avaient leur fonds consultable en ligne…
- Non, justement pas la totalité, c’est loin d’être le cas pour la plupart des bibliothèques. Par ailleurs, la Bibliothèque Apostolique est… un peu particulière dans son fonctionnement.
- Hum… il faudra que vous m’expliquiez ce que vous faites exactement chez cet éditeur. Avez-vous une idée de la raison pour laquelle la secte de Zaarm peut s’intéresser à vous comme ça ? Est-ce que vous auriez publié quelque chose sur eux dernièrement ? Ou reçu un manuscrit ?
- Je crois qu’un essai sur les dérives sectaires a été publié il y a quelques mois, s’empressa de répondre Louise, soulagée de la tournure que prenait l’échange de paroles.
- Et il était question de cette secte dans cet ouvrage ?
- Je ne sais plus trop… Je ne pourrais pas l’affirmer, et d’ailleurs ils auraient pu être cités sous l’un de leurs anciens noms… vous savez, ces groupes changent souvent d’appellation…
- Ça m’intéresserait de voir un exemplaire de ce bouquin, si vous pouvez m’en faire passer un.
- Oui… dès que possible, acquiesça la jeune femme.
Après que Louise eut raccroché, le Professeur Campagnolo proposa aux deux jeunes d’aller s’asseoir un moment à une terrasse avant d’aller voir le musée du jouet. Louise et Pascal, assez éprouvés par les récents évènements, ne se firent pas prier.
Ils trouvèrent, sur une petite place, une échoppe qui semblait spécialisée dans la vente, mais aussi la dégustation d’un large choix de cafés de diverses origines. Ils s’assirent à l’une des trois tables qui se trouvaient devant l’entrée. Louise se laissa aller dans le fauteuil métallique avec un soupir de satisfaction.
- Enfin un peu de calme ! Moi qui pensais que je pourrais faire un peu de tourisme à Rome !
- J’ai l’impression qu’il faut aller commander au comptoir, annonça Pascal. Tout le monde est partant pour un cappuccino ?
Les deux autres ayant acquiescé, le jeune homme entra dans l’établissement pour commander. Il revint quelques instants plus tard avec un plateau sur lequel les trois tasses dégageaient un arôme réconfortant.
- Tu crois qu’elle a fait exprès de ne pas mentionner le pendentif ? Elle l’a vu pourtant : je me souviens que tu lui as montré le jour où nous sommes allés à son bureau, au commissariat central.
- Oui, c’est curieux, reconnut Louise. Elle aurait voulu faire celle qui se trompe de piste qu’elle ne s’y serait pas prise autrement.
- Ça ne prouve pas forcément quoi que ce soit, intervint le Professeur Campagnolo, elle a pu réellement oublier ce qui lui a semblé être un détail.
- C’est étonnant, tout de même. Je me souviens que lorsque nous lui avons montré le médaillon, mercredi dernier, elle y a à peine jeté un coup d’œil avant de décider que c’était sans importance et de passer à autre chose. C’est pourtant bien elle qui nous a parlé de la secte de Zaarm en premier, non ?
- Quand ça ? demanda Pascal qui avait un peu de mal à remettre ses souvenirs en ordre.
- Lorsqu’elle nous a parlé du macchabée dans le couloir de chez toi.
- Oui, mais elle a décrété que ça n’avait aucun rapport avec l’agression de Sylvain. Le pendentif n’a donc rien à voir dans l’histoire, pour elle.
- Mmh ! Pas très clair, tout ça. Je ne sais vraiment plus à qui me fier… enfin à part vous deux, se hâta-t-elle d’ajouter à l’adresse de pascal et du Professeur.
La cheville du jeune homme le faisant moins souffrir, ils purent bientôt se mettre en route pour le musée du jouet. Le Professeur leur avait affirmé que ce n’était qu’à quelques rues de là, et ils arrivèrent rapidement devant la porte.
C’était un petit immeuble qui avait dû autrefois abriter des bureaux, et sur lequel une plaque, assez discrète, indiquait la nouvelle affectation du bâtiment. Les fenêtres du rez-de-chaussée faisaient office de vitrines et laissaient voir des ours en peluches, des jeux de l’oie et divers autres jouets anciens, indiquant le musée bien plus clairement que la plaque.
La jeune italienne qui tenait le guichet de l’entrée reconnut Moïse Campagnolo, le salua et décrocha un interphone pour signaler les nouveaux arrivants à Maria-Alba. Celle-ci sortit d’un bureau voisin et accueillit son frère et ses amis.
- Je vous laisse découvrir les lieux, déclara-t-elle, j’ai encore deux ou trois petites choses à régler dans le bureau. Je peux vous emprunter mon frère un moment ? J’aurais besoin de son aide pour déchiffrer des inscriptions sur un jeu qui me semble très ancien.
- Si ancien que ça ? s’étonna le Professeur. Ce n’est pas le Jeu Royal d’Ur, quand même.
- Non, ce n’est pas celui là, mais ça y ressemble un peu. Il doit dater du troisième ou quatrième siècle ! C’est une de nos pièces les plus ancienne, ajouta-telle à l’adresse des jeunes gens : la plupart des jouets que nous avons ici sont beaucoup plus récents, du siècle dernier ou du précédent.
Louise et Pascal partirent tous les deux en direction des salles d’exposition. Les deux jeunes gens s’extasièrent devant les trains électriques des années cinquante, dont certains parcouraient une vaste pièce selon un itinéraire compliqué, au milieu d’un décor soigneusement arrangé. Ils s’étonnèrent devant les poupées en celluloïd ou celles en porcelaine. Des salles entières étaient consacrées aux soldats de plomb ou aux voitures miniatures, de tous les modèles et de toutes échelles.
- Regarde : il y a même des voitures à pédales ! s’exclama Louise dans une salle du premier étage. Tiens, celle là, là bas, la rouge avec la capote bleue… j’en avais une comme ça quand j’avais quatre ans !
- C’est là-dessus que tu as appris à conduire ? dit Pascal en l’enlaçant. Pas étonnant que tu sois un as du volant maintenant, si tu as commencé si jeune !
- Et toi, demanda-t-elle, c’était quoi, tes premiers jouets ?
- Oh, je me souviens d’un petit xylophone… je crois que j’aimais bien tout ce qui faisait de la musique.
- Tu vois ? Toi aussi, tu avais déjà ta voie toute tracée, dit elle en riant.
Lorsqu’ils estimèrent avoir vu toutes les salles, ils redescendirent dans l’entrée, où la jeune réceptionniste leur apprit que le Professeur et Maria-Alba étaient partis un quart d’heure plus tôt. Elle proposa de leur appeler un taxi pour retourner chez cette dernière.
- J’ai remarqué que vous boitiez, ajouta-t-elle. Ce serait peut-être plus confortable pour vous de vous laisser conduire.
- Non, ça va déjà beaucoup mieux, je crois que je préfère marcher. Ce n’est pas trop loin ?
- En y allant tranquillement, il vous faudra une vingtaine de minutes.
- Ça devrait aller. De toute façon, je crois que je ne pourrai pas faire autrement que de prendre mon temps.
- Alors bon courage. Vous savez comment faire pour retourner là bas ? Il faut aller jusqu’au quai et tourner à gauche, puis quand vous arrivez à Cosmedin, vous prenez la rue qui monte.
- Oui, merci beaucoup. Je crois que nous devrions nous y retrouver.
Ils avançaient moins vite qu’ils ne l’auraient cru. Pascal avait encore des élancements dans la cheville et ne pouvait pas vraiment faire des prouesses en marche à pied. Ils parvinrent néanmoins au quai et Louise proposa de descendre le long des berges pour être à l’écart du bruit et de la fumée des voitures.
Il leur fallut cependant remonter un peu plus loin, les rives étant impraticables.
C’est alors qu’ils entendirent une voix qui les appelait, une voix qu’ils ne connaissaient que trop bien !
- Pascal ! Louise ! Attendez-moi.
Louise se retourna et jura.
- Oh Merde ! C’est pas vrai ! Pas elle !
- Oh punaise ! Pas de bol ! C’est Karine ? demanda Pascal en se retournant, ce qui lui arracha une grimace de douleur.
Pas question d’essayer de la semer. Ils se résignèrent donc à la laisser s’approcher. Par contre, les deux jeunes gens étaient bien déterminés à ne pas lui laisser savoir où ils logeaient dans la capitale italienne.
La grande rousse arriva près d’eux, l’air mielleux.
- Je suis vraiment contente de vous avoir retrouvés. Je sais que ça peut vous paraître bizarre, mais je vous promets que vous n’avez rien à craindre de moi. D’ailleurs qu’est-ce que je pourrais vous faire, ici, au milieu de toute cette circulation ?
- Tu t’imagines quoi ? Que tu nous fais peur ? Maintenant qu’on sait à quoi s’en tenir à ton sujet, nous sommes sur nos gardes, c’est tout. Mais sans les hommes de main de ton gourou à la noix, tu ne peux pas grand-chose, en effet.
- Vous vous trompez complètement sur moi ! Je n’ai plus rien à voir avec ces gens là ! D’ailleurs, je préfèrerais qu’ils ne me trouvent pas, moi non plus.
- Comment est-ce que tu peux espérer qu’on te croie ? Tu nous as raconté un tas de salades pour qu’on t’emmène avec nous dans la Chartreuse, tu nous as pratiquement livré à cette espèce de secte d’allumés, et tu étais encore avec eux le lendemain en train de nous guetter aux Bergeries…
- Sans compter que tu es sans doute à l’origine de tout ça et que c’est toi qui as signalé aux adorateurs d’Yboulados l’existence du médaillon.
- Et que c’est aussi à toi que Sylvain doit d’avoir passé plusieurs jours dans le coma.
- Arrêtez ! Je vous en prie ! Ce n’est quand même pas moi qui l’ai assommé ! En fait, je ne savais pas ce que je faisais. Je vous promets que j’ai changé !
- Non, toi, tu arrêtes ! On ne te croit pas, un point, c’est tout. Fiche nous la paix, va au diable et surtout n’essaie pas de nous retrouver.
- Comment est-ce que tu as eu l’idée de venir nous chercher à Rome, de toute façon ?
- Vous oubliez que j’étais avec vous quand le bibliothécaire nous a dit où trouver le livre qu’on cherchait…
- Que nous cherchions, nous : Pascal et moi. Pas toi ! Toi, tu t’es juste imposée comme une espèce de parasite. Tu nous as pratiquement obligés à te traîner partout derrière nous comme un boulet ! Tu t’es incrustée…
- Arrête, s’il te plait ! l’interrompit la rousse en sanglotant à moitié. Je sais que je vous ai fait du tort… je vous demande pardon !
- La meilleure chose que tu puisses faire pour nous prouver ta bonne foi, c’est de nous foutre la paix. On ne veut plus entendre parler de toi. Disparais ! Dégage !
Louise avait presque crié en prononçant ces derniers mots, ce qui déclencha une nouvelle crise de larmes chez Karine. Décidément, cette nénette faisait de plus en plus penser à une poupée Barbie sans cervelle ! Même si elle était sincère, ce qui était loin d’être acquis, Louise se disait que cette rouquine ne tarderait pas à lui donner des envies de meurtre.
Mais comment se débarrasser d’elle ? Courir ? Ce n’était pas envisageable avec la cheville de Pascal dans cet état. La jeune femme aurait volontiers flanqué Karine par-dessus le parapet du quai, mais c’était s’exposer à des ennuis : il y avait quand même du monde.
Des coups de klaxon se firent entendre sur la chaussée. Au début, aucun des trois jeunes gens n’y prêtèrent attention, tant l’avertisseur sonore est une musique familière en Italie, mais Pascal ne tarda pas à se rendre compte qu’une voiture bleue était arrêtée à une dizaine de mètre d’eux et que le conducteur leur faisait des signes.
- Montez, dépêchez-vous ! leur cria-t-il en français par la vitre entrouverte.
Il leur cria ensuite autre chose qu’ils ne comprirent pas à cause d’un camion qui passait bruyamment sur une autre voie, mais dans lequel il leur sembla reconnaitre les mots "Montpellier" et "commissariat".
Cinq secondes plus tard, Louise et Pascal étaient à l’arrière de la voiture dont ils avaient refermé et verrouillé la portière. Le chauffeur avait déjà démarré, plantant Karine sur le trottoir.
- Vous êtes français ? s’étonna Louise.
- Oui… vous ne me reconnaissez pas ? Je m’appelle Jérôme Garcia, je fais partie de la brigade du Commandant Jamin. J’étais sur les lieux avec elle lorsqu’elle est venue à la suite du cambriolage chez Monsieur…
- Fontanel, intervint Pascal, leur chauffeur ayant semblé hésiter sur son nom.
- Oui, c’est bien ça. Vous me remettez, maintenant ? C’est moi qui ai trouvé le… enfin le corps dans le couloir.
- J’avoue que je ne me souviens pas trop de vos traits, admit Louise, les circonstances étaient tout de même un peu… particulières. Mais je crois bien que votre voix me dit quelque chose en effet.
- Mais comment se fait il que vous soyez là juste maintenant ? demanda Pascal. Madame Jamin nous a dit il y a moins d’un quart d’heure qu’elle ne pouvait pas assurer notre sécurité à l’étranger.
Le policier eut un rapide sourire.
- Je ne suis pas en mission : je suis en congé, tout simplement. J’ai vu que cette personne avec qui vous parliez semblait être en train de vous importuner et je me suis douté qu’elle avait quelque chose à voir avec vos ennuis de ces derniers jours. Est-ce que ce ne serait pas cette fameuse assistante de Monsieur… heu, Delbarre ? Celle qui vous a attiré chez Zaarm ?
- Oui, c’est elle, en effet, reconnut Louise, mais c’est quand même un curieux hasard que vous soyez arrivé juste à ce moment là…
- Oh, il y a plus de choses dans les cieux et sur la Terre que dans toutes vos philosophies, répondit Jérôme, avant d’ajouter : Ce n’est pas de moi.
- Je sais, dit simplement la jeune femme, mais comment avez-vous su que nous étions à Rome ?
- Je n’en avais pas la moindre idée. Je vous le répète : je suis en vacances, ici. Je vous ai aperçus alors que je revenais d’Ostia Antica. Je m’intéresse à l’archéologie romaine, expliqua-t-il.
- Et vous nous avez reconnus ?
- Si les policiers n’étaient pas physionomistes, je me demande bien qui le serait. Mais vous-mêmes, qu’êtes vous venus faire à Rome ? Vous êtes en vacances, vous aussi ?
- Je suis venue faire des recherches documentaires à la Bibliothèque Vaticane… pour mon travail. Avec mon compagnon, nous en avons profité pour venir à deux.
- Vous logez près du Vatican ?
- Nous avons été invités chez la sœur d’un de mes professeurs de quand j’étais en fac. Il nous guide aussi un peu dans nos… enfin dans mes recherches.
- Vous faites quoi, comme métier ?
- Dites donc, s’exclama Louise en riant, heureusement que je sais que vous êtes de la police, sinon je vous aurais posé la question. Je travaille chez un petit éditeur de Montpellier. On fait surtout du roman, mais il y a aussi parfois quelques ouvrages documentaires… pour lesquels nous avons besoins de références. C’est ce que je suis venu chercher ici.
- Mais vous êtes sur que nous allons dans la bonne direction ? demanda Pascal. Il me semble que nous sommes en train de nous éloigner de l’Aventin, au contraire. Nous arrivons presque au niveau du Château Saint Ange.
- Ne vous inquiétez pas : c’est normal. La circulation à Rome est un peu particulière, et il y a des secteurs dans lesquels on ne peut pas circuler librement : il faut avoir une vignette spéciale, payante évidemment. Ça oblige à faire quelques détours quand on ne l’a pas. L’Aventin est effectivement derrière nous, mais nous sommes obligés de faire un grand crochet pour l’atteindre.
- Mais le quai d’en face va bien en sens inverse, non ? objecta Louise.
- Effectivement, mais nous nous retrouverions coincés par le Trastevere. C’est un quartier très touristique, et il est quasiment piétonnier.
Il tourna plusieurs fois dans diverses ruelles plus ou moins tortueuses, si bien qu’au bout de quelques virages, ni Louise ni son compagnon n’auraient été capables de dire dans quelle direction leur chauffeur les emmenait.
- Voilà, nous arrivons sur l’Aventin : vous êtes presque à destination. C’est en haut de cette côte.
- C’est curieux, s’étonna Pascal, je ne reconnais rien...
- Et comment pouvez vous savoir précisément quelle est notre destination ? Nous ne vous avons pas donné d’adresse.
Jérôme ne répondit pas. Il tourna brusquement dans une entrée dont la grille était ouverte, traversa une cour pavée et s’engagea dans un garage dont les portes se refermèrent derrière le véhicule.
- Arrivés ! dit simplement le policier.
L’obscurité ne dura que quelques secondes.
Quelqu’un avait actionné l’interrupteur : un petit bonhomme chauve et grassouillet, mais cette fois, il avait délaissé sa combinaison argentée pour des vêtements beaucoup plus classiques : pantalon en toile beige et chemise à carreaux.
Trois hommes de main aux mines inquiétantes se tenaient derrière lui.
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